Histoire de l'accordéon
L'accordéon est
un instrument
de musique à
vent de la famille des bois.
Le nom d'accordéon regroupe une famille d'instruments
à clavier, polyphonique,
utilisant des anches
libres excitées par un vent variable fourni
par le soufflet actionné
par le musicien.
Ces différents instruments peuvent être de factures très différentes.
Une personne qui joue de l'accordéon est un accordéoniste.
En
1829, Cyrill
Demian, facteur de piano et orgues à Vienne (Autriche),
fabrique un instrument dans la veine de Buschmann et Haeckl, dont il
veut déposer le brevet sous le nom d'« Aeolina ».
Ce nom étant déjà pris par un modèle Buschmann et ce nouvel instrument
étant, contrairement à ses prédécesseurs, voué à l'accompagnement et,
en ce sens, n'émettant que des accords, Demian et ses fils dépose leur
brevet le 7 sous
le nom d'« Accordion » ;
cet instrument est muni d'un soufflet manié par la main gauche, la main
droite se réserve à un clavier dont chacune des 5 touches émet un
accord, différent en tirant ou en poussant.
Le ,
la même année que le brevet de Demian, Charles
Wheatstone invente le « symphonium »,
rebaptisé « concertina »,
dont le brevet sera déposé le .
Ce modèle est unisonore.
En France, en 1830, Marie Candide Buffet positionne un clavier
mélodique en main droite à la place des accords.
Demian invente, vers 1834, la combinaison d’un deuxième clavier pour
les accords, et d’un premier pour la mélodie.
En 1834, Carl Friedrich Uhlig crée le « konzertina » allemand, bisonore, après avoir rencontré Demian et ayant désiré créer un instrument mélodique. C’est ce modèle qui inspirera Heinrich Band (de) la même année, en faisant évoluer la forme des claviers.
En 1841, Louis Léon Douce dépose un brevet pour son « accordéon harmonieux », instrument unisonore.
À partir de 1847 Carl Friedrich Zimmermann (de) développe le même type de concertinas que Band. Les termes de « bandonion » puis « bandonéon » arriveront en 1854 en hommage au fabricant à Henrich Band.
En 1852, Philippe-Joseph Bouton conçoit l’instrument avec un clavier piano à la main droite. En Autriche, le « Schrammelharmonika » sera le premier instrument avec le clavier main droite moderne qui va inspirer les Italiens. En Italie, en 1863, Paolo Soprani fonde la première industrie du « fisarmonica » (nom italien de l'accordéon) à Castelfidardo, ville considérée comme l'un des berceaux de l'accordéon moderne. Autre berceau, Stradella, dans la province de Pavie où Mariano Dallapé invente un nouvel instrument encore plus proche de l'accordéon moderne en 18711 Le terme « fisarmonica » est très important, car Soprani ne va pas fabriquer des accordéons, mais des « physharmonika ». Cette distinction n'est pas anodine car, en 1861, le Maître de chapelle de Loreto (à proximité de Castelfidardo) expose un instrument décrit comme « accordéon par la forme, mais véritable fisarmonica ». À l'époque, fisarmonica et accordéon sont deux instruments différents en Italie. C'est l'origine de l'industrie italienne.
La première génération d'instruments encore usités apparaît à la fin du XIXe siècle. Jusqu'à aujourd'hui, les modèles n'ont cessé de se perfectionner, d'évoluer, de se spécialiser selon les styles, selon les coutumes, selon les traditions culturelles ayant accueilli l'une ou l'autre forme de l'instrument à anche libre et à soufflet manuel.
Dans l'accordéon, deux anches sont montées sur une même plaquette, une de chaque côté de la plaquette. Une anche ne fonctionne que dans un seul sens, lorsque l'air la pousse vers la plaquette, donc une seule des deux anches fonctionnera pour un sens donné du soufflet. Une « peau musique » (en cuir, en vinyle ou en matériau composite souple) empêche la perte d'air par l'interstice entre l'anche qui ne parle pas et la plaquette (on dit de l'anche qui produit du son qu'elle « parle »).
La vibration est due à un phénomène dit « de relaxation » : elle n'est donc pas sinusoïdale et comporte de nombreux harmoniques responsables d'une famille typique de timbres. Les harmoniques sont utilisés pour faciliter l'accord des basses fréquences (< 100 Hz).
La fréquence de vibration est pratiquement indépendante de la puissance du souffle d'air, l'anche vibrante jouant d'ailleurs, à pleine puissance, le rôle de limiteur de débit. Cependant, lorsque des anches de fréquences extrêmement proches (différence inférieure à 1 Hz, tout au plus) sont alimentées en air par un système commun, il arrive que l'anche la moins stable en fréquence s'accorde à la fréquence de l'autre par effet de « couplage » ou de « pilotage », masquant leur « désaccord », voire interdisant un vibrato différentiel intentionnel de fréquence inférieure à 1 Hz.
Production du son :
Dans l'accordéon, les anches donnant les sons les plus graves (< 50 Hz environ) ont une longueur de 5 à 10 centimètres et sont chargées, près de leur extrémité vibrante, par une masse de laiton (généralement — ou d'étain sur les anches anciennes ou modifiées par un accordeur). Les anches produisant les sons les plus aigus (plus de 6 kHz dans l'aigu du piccolo) ont une longueur inférieure à 6 millimètres.
En raison de la très courte longueur d'onde des sons les plus aigus produits (de l'ordre de quelques cm), on constate souvent des phénomènes d'ondes stationnaires dus aux « obstacles » à leur propagation (cases exiguës du sommier qui supporte les plaquettes, soupapes…) qui peuvent affaiblir, voire neutraliser totalement, le son produit. Des solutions empiriques de facture permettent d'éliminer ce phénomène.
L'accord se fait en jouant sur les paramètres raideur et masse : on augmente la fréquence en diminuant la masse par enlèvement de matière (limage d'épaisseur) à l'extrémité libre de l'anche (ou de sa charge rapportée). On diminue la fréquence en diminuant l'épaisseur (raideur) de l'anche (enlèvement par grattage : (grattoir) près de sa partie fixe, flexible (le « ressort »).
Une anche vibrante de grandes dimensions et de fréquence infrasonique, destinée à produire un vibrato en amplitude, a été utilisée dans l'accordéon de concert Cavagnolo : cette anche est placée dans une paroi séparatrice (équivalente à une « plaque ») disposée entre le soufflet et la « caisse du chant ». Ce système générateur de vibrato semble être resté sans suite en raison, sans doute, de sa fréquence invariable, de son effet trop systématique (un accord, grave ou aigu, vibre « en bloc ») et de sa limitation du débit d'air (contradictoire avec l'expressivité naturelle de l'instrument), en dépit de la présence d'un moyen de neutralisation : une très large soupape.
Jeu :
Le musicien ouvre et referme le soufflet central, positionné entre les deux parties droite et gauche de l'instrument, munie chacune d'un clavier : une partie droite, qui reste statique, et une partie gauche, qui s'écarte et se rapproche de la partie droite à chaque va-et-vient du soufflet (on parle de « tiré » ou de « poussé » du soufflet). En même temps, l'instrumentiste appuie sur les touches des claviers de l'instrument pour décider des notes à produire. L'air du soufflet passe ainsi dans le mécanisme, et actionne une ou plusieurs anches accordées à la lime et au grattoir. L'anche au repos possède une courbure qui la porte « au vent » : le réglage de cette courbure a pour but de permettre et faciliter l'attaque, à toutes les puissances.
Véritable homme ou femme-orchestre, l'accordéoniste peut exécuter le rythme aussi bien que la mélodie et l'harmonie, ce qui lui a valu une place importante dans les bals populaires français.
Cet instrument aux accords tout faits et à la sonorité « désaccordée » ne suscita pas l'adhésion de tous d'où, dès les années trente, l'invention des basses chromatiques (clavier mélodique de main gauche similaire à celui de la main droite, remplaçant grâce à un convertisseur le clavier traditionnel basse-accord) et la présence possible de registres permettant de changer la sonorité de l'instrument en appuyant sur un bouton.
Il existe plusieurs sortes d'accordéons qui se différencient d'une part, par l'organisation des notes sur les claviers et d'autre part, par la manière de produire des notes en actionnant le soufflet.
L'accordéon chromatique possède les 12 demi-tons de la gamme chromatique. Une touche enfoncée produira la même note que l'on tire ou que l'on pousse le soufflet. Certains ont des boutons, d'autres des touches de piano. Suivant les modèles, la tessiture peut dépasser 4 ou 5 octaves.
Les accordéons diatoniques peuvent jouer des gammes diatoniques. Une touche enfoncée ne produira pas la même note selon que le musicien tire ou pousse le soufflet. On dit qu'il est bi-sonore.
Ces deux descriptions correspondent aux deux familles d'accordéons les plus répandues. De nombreuses variantes ont été réalisées (chromatique bi-sonore, diatonique uni-sonore, systèmes mixtes).
Utilisation dans différents styles musicaux
Musique classique :
La plus ancienne pièce de concert est Thème varié très brillant pour accordéon, écrit en 1836 par Mlle Louise Reisner de Paris. Le compositeur russe Piotr Ilitch Tchaïkovski inclut (de façon optionnelle) quatre accordéons diatoniques dans sa Suite pour orchestre no 2 en Do Majeur, op. 53 (1883), simplement pour ajouter une petite couleur au troisième mouvement (Scherzo burlesque). Le compositeur italien Umberto Giordano inclut l'accordéon diatonique dans son opéra Fedora (1898). L'accordéoniste apparait sur la scène, avec également un joueur de piccolo et un joueur de triangle, trois fois dans le troisième acte (qui se déroule en Suisse), pour accompagner une courte et simple chanson qui est chantée par un petit savoyard.
En 1915, le compositeur américain Charles Ives inclut un chœur d'accordéons diatoniques (ou de concertinas) avec également, entre autres, deux pianos, un célesta, une harpe, un orgue, un zither et un thérémine optionnel dans son Orchestral Set no 2. La partie d'accordéon, écrite pour la main droite seulement, consiste en dix-huit mesures à la fin de l'œuvre. On pense souvent à tort que Paul Hindemith est le premier compositeur à avoir écrit spécifiquement pour l'accordéon chromatique. En 1921, il a certes inclus l'harmonium dans sa Kammermusik Nr. 1, une œuvre de musique de chambre en quatre mouvements pour douze musiciens, mais ce n'est qu'en 1952 qu'il a réécrit la partie d'harmonium pour l'accordéon avec basse standard. D'autres compositeurs allemands ont aussi écrits pour l'accordéon.
En 1922, Alban Berg inclut un accordéon dans son opéra Wozzeck. L'instrument, marqué Ziehharmonika bzw. Akkordeon dans la partition, apparaît seulement durant la scène de la taverne, avec un ensemble sur scène (Bühnenmusik) consistant en deux violons, une clarinette, une guitare et un bombardon en fa (ou tuba basse).
D'autres compositeurs du XXe siècle ont écrit pour l'accordéon comme Kurt Weill dans L'Opéra de Quat'sous (1928), Sergueï Prokofiev et sa Cantate pour le 20e anniversaire de la révolution d'octobre, op. 74 (1936), Dmitri Chostakovitch l'utilise dans la Jazz Suite No. 2 (1938), ainsi que Jean Françaix dans Apocalypse According to St. John (1939) ou Darius Milhaud dans Prélude et Postlude pour Lidoire (1946), ainsi que John Serry Sr. dans American Rhapsody (1955) et Concerto pour accordéon (1964) . L'accordéon est présent aujourd'hui dans le répertoire de musique contemporaine. Principalement en musique de chambre, des compositeurs comme Henk Badings (Sonate pour accordéon seul, 1981), Luciano Berio (Sequenza XIII pour accordéon seul, 1995) ou Jean Françaix, Concerto pour accordéon 1997) ont écrit pour l'instrument.
Musiques traditionnelles :
L'accordéon et ses variantes sont présents dans de très nombreuses musiques traditionnelles ou musique folkloriques. L'Écosse, l'Irlande ou la Grande-Bretagne furent ouverts à intégrer l'accordéon à leur folklore adaptant et composant dans leurs styles respectifs, soit des reels, des jigues ainsi que des valses. En Amérique, on retrouve traditionnellement l'accordéon dans le folklore québécois composé principalement de reels et de rigodons ainsi que dans la musique cadienne, principalement des ballades et au sud des États-Unis avec le Zydeco (ou Zarico) qui est la musique des créoles francophones de Louisiane. L'Autriche, la Suisse ou la Bavière sont parfois représentées par des valses, des marches) ou des polkas. Les ensembles de musiques tsiganes et klezmers ont aussi des formes d'accordéons spécifiques comme le Bayan que l'on retrouve dans la musique traditionnelle en Russie.
En Amérique latine, de nombreux genres musicaux utilisent différentes sortes d'accordéons comme le norteña au nord-est du Mexique, le chamamé en Argentine, la cumbia et le vallenato en Colombie ou instrument musique brésilienne, le baião au nord-est;
Dans la Caraibe, il est utilisé dans le Meringé de République Dominicaine, dans les Quadrilles caribéens (Quadrille guadeloupéen, Quadrille dominiquais, Haute taille martiniquaise, …).
Aux Mascareignes, il est utilisé dans le Séga réunionnais et mauricien, …
Jazz :
L'accordéon est présent dans la musique de jazz. Cela a commencé avec la collaboration de Django Reinhardt et Jo Privat à l'époque du jazz swing. L'accordéoniste Marcel Azzola a aussi réalisé des arrangements pour accordéon des plus grands standards de jazz comme All the Things You Are. Plus récemment, des accordéonistes se sont éloignés du musette traditionnel pour s'intéresser au jazz, comme les artistes Richard Galliano, ou Vincent Peirani.
Avant la Seconde Guerre mondiale, des musiciens comme Gus Viseur ou Tony Murena font déjà le lien entre jazz et musette. Après la guerre, l'accordéon est utilisé par des auteurs-compositeurs-interprètes comme Léo Ferré ou Jacques Brel, et des virtuoses comme Aimable, qui promènera son instrument en tournées mondiales. Mais l'instrumentarium du jazz moderne (be-bop, free jazz), puis du rock dans les années 1960, tend à le ringardiser.
En France :
Le « piano du pauvre », ou « piano à bretelle », est entré dans la littérature française dès 1833, grâce au vicomte François-René de Chateaubriand dans Mémoires d'outre-tombe.
L'accordéon en France est lié à l'histoire du bal musette. Il reste cependant pointé du doigt par certains : Octave Mirbeau le destine « aux polkas pour les bals ».
L'histoire de l'accordéon est liée également à celle du swing manouche, avec dès les débuts de ce mouvement des collaborations répétées entre Jo Privat et Django Reinhardt, des compositions très en avance sur leur temps de Gus Viseur et aujourd'hui de nombreux artistes swing tels que Ludovic Beier … Dans les années 1950, l'accordéon devient l'instrument des bals populaires, Yvette Horner et André Verchuren étant alors les deux figures emblématiques de cet instrument.
Dans les années 1970, l'accordéon redevient populaire grâce à l'attrait des musiques traditionnelles et folkloriques qui l'utilisent (musique bretonne, slave, musique cadienne…) ; par l'utilisation par des chanteurs français comme Renaud qui le remettent au goût du jour ; par l'apparition d'accordéonistes majeurs, se détournant du musette, comme Marc Perrone ou Richard Galliano ; et par son utilisation par des groupes de la scène alternative comme la Mano Negra ou Les Négresses vertes.
L'accordéon a maintenant acquis ses lettres de noblesse en musique classique (même si cela reste méconnu du grand public). Il est enseigné dans les conservatoires de musique depuis les années 1970. L'accordéon est également présent dans la création contemporaine d'avant-garde. On peut citer Pascal Contet, qui contribue activement à développer le répertoire contemporain avec des compositeurs comme Bernard Cavanna, Vinko Globokar, Jacques Rebotier, Jean-Pierre Drouet, Bruno Giner, Marc Monnet, Sofia Goubaïdoulina, Jean Françaix, Poul Rovsing Olsen, Gérard Pesson… Citons également quelques membres de la jeune génération : Fanny Vicens, Vincent Lhermet, Jean-Etienne Sotty. Côté traditionnel, l'accordéon fait partie des instruments de la musique bretonne qui revient à partir des années 1970.
Aujourd'hui, l'accordéon est largement utilisé aussi bien par des artistes de variétés (Patrick Bruel, Yann Tiersen…) que par des groupes « alternatifs » (Les Ogres de Barback, Les Têtes Raides, Red Cardell, Les Hurlements d'Léo, La Rue Ketanou, N&SK, Sagapool), les groupes de rap (Java, le Ministère des affaires populaires), le duo féminin Délinquante qui utilise cet instrument de façon notable, des groupes régionaux qui arrangent ces morceaux et/ou en composent de nouveaux tel qu'Accordé à vent, groupe du Pas-de-Calais, le duo Kof a Kof avec Roland Becker au saxophone et Régis Huiban à l'accordéon chromatique, avec des musiciens de jazz tels que Richard Galliano, Marcel Azzola, Marc Berthoumieux, Jacques Bolognesi ou Marcel Loeffler, Lionel Suarez, René Sopa.
En 2005, Serge Lama a effectué une tournée avec un seul musicien, l'accordéoniste Sergio Tomassi jouant sur un accordéon numérique. Claude Parle développe l'accordéon dans le domaine des musiques improvisées et en relation avec la musique contemporaine, la danse, notamment la danse Buto (Masaki Iwana, Toru Iwashita, Atsushi Takenouchi (en)) ou le jazz contemporain (depuis les années 1970).
Origines
La Musette est le nom que les anciens donnaient à la Cabrette.
Voici un extrait de l'excellent livre "Histoires de l'Accordéon" de François Billard et Didier Roussin à ce propos :
"Le mot "musette" remonte au XIIIe siècle. Il désigne une sorte de cornemuse assez sophistiquée, comportant un sac en tissus [ou peau de chèvre] rempli d'air, actionné par le bras gauche du musicien et prolongé par un ou plusieurs tuyaux percés de quelques trous qui font office de bourdon et dont le son est produit par des anches battantes[...]On retrouve son principe de fonctionnement dans nos campagnes, en particulier celle du Limousin, dans la cornemuse.
[...]Au XIXe siècle, on fabrique des Cabrettes à partir de peaux de jeunes chèvres (cabris). C'est cette Cabrette qui devient l'instrument des premiers bals musette."
Les auvergnats de Paris lui ont alors ajouté un soufflet actionné par le bras droit pour alimenter le sac en peau de cabris placé sous le bras gauche.
Le Bal Musette
Au tout début du XIXe siècle, la communauté auvergnate de Paris constituait une vague importante d'immigration vers la capitale, en particulier du côté du XIe arrondissement. On y trouvait ce que l'on appelait alors les "bals de famille" qui furent ensuite appelés "bals à la musette" car on y dansait au son de la "Musette" ou "Cabrette" qui pouvait aussi côtoyer la vielle ou le violon.
Peu avant 1900, les immigrés italiens arrivèrent à leur tour en nombre. Ils apportèrent avec eux leur instrument de prédilection: L'Accordéon. Ainsi l'on commença à entendre l'Accordéon dans les bals musette. Une certaine rivalité perdura pendant quelques temps entre la "Musette" et l'Accordéon, entre les Auvergnats et les Italiens. La rencontre d'Antoine Bouscatel "le Roi de la Cabrette" et Charles Péguri, accordéoniste virtuose et facteur d'accordéons symbolisa la réconciliation des deux instruments. Le mariage de la fille de Bouscatel avec Charles scella le rapprochement des deux communautés.
C'est l'Accordéon diatonique qui accompagne d'abord la Cabrette. Les Auvergnats se mirent alors à l'Accordéon et les Italiens adoptèrent le répertoire auvergnat.
A partir des années 30, l'Accordéon avait fait de gros progrès techniques. Le chromatique avait succédé au diatonique. L'Accordéon chromatique permettait d'harmoniser la musique traditionnelle. Il pouvait désormais jouer en solo. La Cabrette disparu progressivement du bal musette.
Le Son Musette
Le son de l'Accordéon que l'on appelle aujourd'hui "musette" utilise 3 voix générant un fort trémolo. Chaque voix correspond à une lame pour chaque note. Une voix de référence est accordée "juste" suivant un diapason choisi. Les 2 autres voix sont accordées soit plus hautes pour la voix dite "de dessus" ou plus basse pour la voix dite "de dessous". L'écart de fréquence choisi peut varier de +/-5hertz à +/-9 hertz avec la voix de référence, soit un écart entre la voix de dessus et la voix de dessous pouvant aller de 10 à 18 hertz sur le LA médium. Un écart de 1 hertz créé un vibrato générant 1 battement par seconde, etc. Ce système d'accordage du Brio permet d'obtenir un gros son puissant qui accroche l'oreille. On comprend facilement le soutien que pouvait apporter ce son puissant à l'accordéoniste en duo avec une Cabrette très sonore face à un parterre de danseurs et sans microphone bien sûr!
Ce son musette à été utilisé aussi bien sur l'accordéon diatonique que sur l'accordéon chromatique.
Vers la fin des années 30, un nouveau son où l'on aura enlevé ce fort trémolo sera utilisé par certains accordéonistes pour jouer dans un style plus jazzy. On l'appellera le son "swing" ou "moderne" ou encore "américain". A partir de cette époque, les orchestres seront de plus en plus sonorisés. Les microphones seront utilisés pour amplifier le son des instruments. La guitare remplace progressivement le banjo acoustiquement plus sonore. Le son " musette" restera encore toutefois extrêmement populaire dans les bals et ce, jusqu'à nos jours.
Les Grands Accordéonistes du Bal Musette
On peut citer quelques noms représentatifs de l'Accordéon Musette à travers l'histoire du bal musette:
- Charles Péguri (déjà cité plus haut) né en 1879 jouait de l'accordéon diatonique. il avait commencé sa carrière en 1902. Il était le frère de Louis et Michel Péguri, deux grands virtuoses de l'Accordéon Musette. Son plus grand succès: "Reproche".
- Emile Vacher né en 1883 est considéré comme le créateur du style musette. Il jouait également sur un accordéon diatonique mais la main gauche de son instrument possédait un clavier uni-sonore comme un chromatique (système mixte). Parmi ses nombreux succès, citons "les triolets" ou "Reine de musette".
- Jean Vaissade né en 1911, il épousa la chanteuse Rina Ketty. Son plus grand succès: "Sombreros et mantilles"( un paso doble à 3 temps).
- Emile Prud'homme né en 1913, grande vedette médiatique, il a participé aussi à de nombreux films dont "Les grandes vacances" avec Louis de Funès.
- André Verchuren né en 1920 est probablement le plus célèbre des accordéonistes musette. D'origine belge naturalisé français en 1957. Interné au camp de Dachau en 1944. il connaitra un immense succès populaire à partir des années 50. Un de ses plus grands succès: "Les fiancés d'Auvergne".
- Aimable, de son vrai nom Aimable Pluchard, né en 1922 dans le Nord, jouait sur un accordéon possédant un trémolo très marqué. Grande vedette des disques Vogue.